Brasero

Française vivant à New York, Ty Petersen est médiautrice et se rend chaque jour au mystérieux Centre, pour dialoguer avec Akarnasasari, un être dont elle parle la langue. Séparés par une vitre, leurs "hygialogues" prennent pourtant un tour inattendu. Expérimentant une nouvelle langue, ce texte est suivi de la nouvelle Suntown et de l’essai Esthétique et politique du guichet.

Comment rendre aux mots dévoyés par la langue au pouvoir leur sens ? Comment les arracher à l’idéologie qu’ils servent et à la soumission qu’ils commandent pour les rendre à ce qu’ils veulent dire ? Dans la lignée des ouvrages courts et incisifs de la collection "Le mot est faible", S. Hennette Vauchez et K. Parrot, toutes deux juristes, s’attèlent à l’analyse des termes laïcité et étranger.

Rencontre enregistrée à la librairie Floury Frère le 26 avril 2024.

Sur les chantiers, le béton coule à flots tandis que le bruit des machines (qui ne font pas grève) a remplacé le tumulte des terrassiers. La chimie et l’industrialisation des techniques affranchissent la construction des contraintes du relief, du climat et de la géologie : « abstraire le sol » pour faire passer la route – et supporter le poids des camions – devient un leitmotiv de « l’aménagement du territoire » qui nécessite l’extraction et le déplacement continus de milliards de mètres cubes de terres, sable et granulat.

Si les dégâts se font rapidement (...)

La crise sociéto-politico-écologico-morale que nous connaissons aujourd’hui remet en selle les visionnaires que la période de la « prospérité insouciante » avait mis au repos. Philosophant dans le siècle de toutes les horreurs, G. Anders entend bâtir des systèmes conceptuels à étages : il nous faut à présent une « philosophie de l’occasion ».

L’ouvrage entend contribuer à repolitiser la question urbaine pour en faire un enjeu majeur des luttes pour l’émancipation et l’autonomie. Il combine analyses critiques, témoignages et récits de luttes. Si les chapitres appréhendent l’espace urbain comme objet et terrain des conflits sociaux, les contributeurs et contributrices montrent en quoi la question spatiale est indissociable de la question des rap-ports sociaux (de classe, de race, de genre). Dressant un vaste panorama des combats pour et par l’espace, Tenir la ville critique des projets capitalistes d’appropriation des territoires urbanisés et restitue des expériences de résistance, leurs limites et les conditions de leur succès.

En 2017, le syndicat SUD Éducation 93 organise un stage de pédagogie antiraciste destiné à la communauté éducative, suscitant des attaques judiciaires et médiatiques sans précédent. Après un retour sur cette controverse, l’ouvrage propose des analyses du racisme à l’école et des outils pour intégrer concrètement l’antiracisme aux méthodes d’apprentissage.

Entre témoignage et enquête journalistique, cet essai décrit le monde de la boxe en France, une discipline ayant servi d’outil d’émancipation pour les classes laborieuses, et qui attire désormais d’autres publics, des groupuscules d’extrême droite aux jeunes cadres dynamiques. L’auteur montre aussi comment la boxe a pu être instrumentalisée par l’État pour canaliser les révoltes des banlieues.

Anthologie de textes, pour la plupart inédits, Politiser l’enfance interroge les relations entre enfance et politique, questionne la domination des adultes et les mythologies enfantines. Se questionner sur l’enfance invite à réfléchir sur ce qui fait de nous des adultes, ce que sont le savoir, l’imagination, le jeu et l’autorité.

Le nouveau numéro s’interroge sur ce que l’humain peut rendre, une fois qu’il « retourne » à la terre, célébrant de mille manières les échanges, les interdépendances et les hybridations en se positionnant à la croisée des luttes écologistes, queer, féministes, sociales et autochtones, et en multipliant les langages.

M. Quintín Lame a lutté sa vie entière contre l’accaparement colonial des terres. Dans ce texte profondément « métis », qui relève tout autant de la prophétie biblique, du plaidoyer juridique, du manifeste insurgé, que du traité spirituel nasa, l’auteur offre une réflexion sur les conditions de possibilité de la libération indienne. Source majeure du mouvement décolonial latino-américain, Les pensées de l’Indien qui s’est éduqué dans les forêts colombiennes ne portent pas seulement sur les conditions de vie dans une société marquée par la race ; elles ouvrent à d’autres façons de faire monde.

Comme ce fut le cas à Paris lors de la Commune, les batailles contemporaines contre l’accaparement des terres et contre les grands projets inutiles inventent de nouvelles manières politiques d’habiter et de produire qui laissent entrevoir une forme d’émancipation économique du travail. K. Ross propose une approche des communs par la lutte, car « quand l’État recule, la forme-commune s’épanouit ».

Dialogue entre la journaliste L. Yousfi et la militante H. Bouteldja sur la nécessité de construire une politique et une esthétique décoloniales en retournant le stigmate du barbare, face à un État racial intégral.

Alors que des femmes et des hommes sont engagés en Iran, depuis septembre 2022, dans un mouvement de conquête politique, Chowra Makaremi, spécialiste de la société postrévolutionnaire iranienne, se trouve à Paris et à Baltimore. Depuis ces deux villes, elle observe le mouvement et écrit des chroniques, dans un va-et-vient entre le présent et l’histoire longue dans laquelle résonne cette insurrection.

Si encadrer légalement la contention est une nécessité, cela ne saurait légitimer cette pratique, qui consiste à attacher une personne à un lit. Mathieu Bellahsen alerte sur la nécessité de rompre le silence et milite pour l’abolition de la contention, qu’il considère comme un anti-soin qui n’a jamais été thérapeutique.

Paru en 1997 aux États-Unis, ce livre-monument est traduit pour la première fois en français. Le philosophe C. W. Mills y réfute l’idée de contrat social, démontrant plutôt qu’un contrat racial a façonné le système de domination européenne qui fait exister les blanc·he·s en tant que personnes à part entière et les non-blanc·he·s en tant que sous-personnes, reconduisant des privilèges jusqu’à nos sociétés contemporaines.

Pendant deux jours nous avons pu entendre des collectifs raconter leurs expériences, leurs luttes, leurs analyses. Nous avons enregistré les débats, les voici ici in extenso avec des références pour approfondir.

Mirail : La bataille des collèges

En 2016, au nom de la mixité sociale le Conseil Départemental décide la fermeture progressive des collèges de la Reynerie et de Bellefontaine. La violence de la décision et des arguments avancées parlants des jeunes du quartier comme des bombes à retardements et les effets de cette ségrégation sont raconté ici par deux membres de Sud Education 31.

Plus d’info sur la lutte sur le site du syndicat sud éducation 31(...)

Voilà ce que l’on peut en apprendre en trainant sur les internets :

Voy’elles, qu’est-ce que c’est ?
Voy’elles est un collectif qui s’est créé lors de la nuit des femmes à la radio le 8 mars 2006, avec pour objectif de faire vivre une émission radio faite par des femmes, pour tout le monde, sur tous les sujets. Au fil du temps, Voy’elles est devenue une émission de meufs, de gouines, de trans’, de biEs, d’intersexes, d’intergenres, de pansexuellEs, d’asexuellEs, de lesbiennes, de femmes et de toutEs ceLLEux qu’on oublie.
L’objectif principal de ce groupe est de fabriquer une émission d’1h30 diffusée (...)

Alors que la psychanalyse est souvent considérée comme occidentalo-centrée, cet ouvrage collectif en propose une autre histoire, vue des Suds, par un panorama et une cartographie mondiale des débats et de la circulation psychanalytique. On découvrira que la discipline vit et se développe à Madagascar, en Algérie ou en Inde, comme pratique mais aussi comme outil critique.

Figure majeure de la philosophie française contemporaine, Jacques Rancière a consacré son œuvre aux philosophies politique et esthétique. Auteur de dizaines d’ouvrages, le philosophe, guidé par la pensée de l’égalité, a questionné la hiérarchie des temps, la place du spectateur et de l’individu dans l’art et la société, et a contribué aux bouleversements épistémologiques de ces dernières décennies.

Depuis 2015, la chanteuse kurde Nûdem Durak, alors âgée de 22 ans, est enfermée par le régime turc pour avoir défendu, par sa musique, la lutte et la culture du peuple kurde. Cette enquête littéraire retrace l’histoire d’une injustice individuelle et collective et raconte la lutte de tout un peuple pour sa liberté.