Cinélatino 2024 : Archives cinématographiques, mémoires des peuples et des communautés

Pendant la projection du film Dieu est une femme, de Andrés Peyrot (France, Panama, Suisse, 2023), j’ai beaucoup pensé à Cecilia De Arce et Arlo, du collectif Archives Trans Pédé.es Bi Gouin.es Intersexe de Derrière les faggot.es, que nous avons reçu.es en février 2024 dans l’émission Les petits papiers. Alors je leur ai envoyé un message pour leur raconter !

Dieu est une femme, de Andrés Peyrot (France, Panama, Suisse, 2023)
Synopsis :
Après avoir remporté un Oscar, le documentariste Pierre-Dominique Gaisseau se rend au Panama avec son épouse Kyoko et leur fille Akiko en 1975 pour filmer la communauté des Kunas. Le projet échoue et la copie du film est confisquée et perdue. Cinquante ans plus tard, les Kunas expriment leur enthousiasme à l’idée de retrouver et de voir ce film devenu clé dans la mémoire collective. Avant-première.

Autres films où il est question d’archives, cités dans ce podcast :
Isla Alien, documentaire en compétition, de Cristobal VALENZUELA BERRIOS (Chili)
Synopsis :
Dans les années 1980 au Chili, en pleine dictature militaire, des radio-amateurs entrent en contact avec de mystérieux êtres, doués de pouvoirs paranormaux, en lien avec les ovnis et vivant sur l’île de Friendship, au large de la Patagonie. En menant une enquête à partir de cette légende urbaine, Isla Alien questionne la construction d’un mythe et son lien avec la dictature chilienne, se centrant sur l’étrange Ernesto de la Fuente, personnage complexe et multifacette dans lequel se nouent fiction et réalité. Mélange subtil d’entretiens, images d’archives, extraits de films et recréations, Isla Alien est un documentaire virtuose et fascinant qui, sur fond de science-fiction, propose une réflexion nécessaire autour de nos croyances. Première européenne.
Le procès (El juicio), documentaire de Ulises DE LA ORDEN 5argentine, France, Iralie, Norvège).
Synopsis :
En 1985 a eu lieu, en Argentine, un procès historique contre les militaires de haut rang responsables des crimes perpétrés lors de la dictature. Document historique fondamental, ce documentaire de montage, dense et au rythme soutenu, synthétise les registres audiovisuels des 530 heures qu’ont duré les 78 audiences publiques et concentre, témoignage après témoignage, les horreurs commises. Son verdict a été un acte politique fondateur. Inédit à Toulouse.

Petite sélection de films LGBTQIA+
Sans coeur (Sem coraçao), documentaire (Brésil, France, Italie) de Nara Normande et Tiao
Synopsis :
Été 1996, dans le petit village de Garça Torta, au cœur du Nordeste Brésilien, Tamara profite de ses dernières vacances avant d’entrer en classe préparatoire universitaire. Un jour, elle entend parler d’une fille surnommée « Sans Cœur » en raison de la cicatrice qui traverse sa poitrine. Tamara va ressentir une attirance immédiate pour cette mystérieuse fille, qui va grandir tout au long de l’été. Grand prix du jury au festival d’Amiens 2023. Avant-première.

Sublime, de Mariano BIASIN (Argentine)
Synopsis :
Manuel vit une adolescence plutôt heureuse et s’épanouit pleinement à la guitare en composant des chansons pour son groupe d’amis. Il découvre peu à peu dans ses relations amoureuses que son cœur le conduit irrésistiblement auprès de son plus proche ami. Sur la base d’une chronique adolescente, Mariano Biasin propose avec douceur et humilité une histoire de construction lumineuse et déterminante au seuil de l’âge dit adulte.

Anhell69, de Theo Montoya (Colombie, Roumanie, France, Allemagne)
Synopsis :
Un corbillard parcourt les rues de Medellín. Le réalisateur raconte son histoire passée dans cette ville violente, transgressive et conservatrice. Il évoque son premier projet sur une secte de fantômes. La jeune scène queer est au casting en 2016, mais le protagoniste meurt d’une overdose d’héroïne à 21 ans.
Anhell69 explore les rêves, les doutes, les peurs de cette génération du présent, mais fait aussi du cinéma un recours salutaire. Le chauffeur du corbillard n’est autre que Víctor Gaviria, emblématique cinéaste de Medellín (Rodrigo D. : no futuro, La vendedora de rosas), dont plusieurs interprètes sont aussi morts dans la rue. La vie avant la mort, un « trans film » qui franchit les normes de genre et s’hybride en un film mémorable, personnel, poétique et bouleversant. Première française.

Et à la croisée de la question des archives et de l’histoire des minorités LGBTQIA+ :
Album de famille (Album de familia), documentaire de Maria Laura CASABE (Argentine)
Synopsis :
Composé d’images d’archives, de photos et d’entretiens, le film dresse le portrait d’une militante des droits des femmes trans légendaire en Argentine. À la manière d’un album de famille à feuilleter, le récit retrace les liens de solidarité et d’entraide entre les personnes de la communauté LGBTQI+ et l’épineux chemin qu’elles ont dû parcourir pour que le personnel devienne politique, au cours des brutales années 1980 en Amérique latine. Première mondiale.

Pas cité dans ce podcast, mais oui dans le précédent :
Levante, de Lillah Halla
Synopsis :
Sofia, une joueuse prometteuse au sein d’une équipe de volley ball queer, découvre qu’elle est enceinte dans un pays où l’avortement est illégal. Face à la menace des mouvements évangélistes, elle trouve dans le collectif et le soutien d’un père aimant la force de faire face à la persécution. Premier film multirécompensé lors de la 42e édition de Cinéma en Construction et présenté à la Semaine de la Critique du festival de Cannes 2023.

Musique du générique de Ivo Martin
Chanson de Ely Pineda, Le vent, enregistrement en direct et en public lors de l’apéro-concert du 18/03/2024. Disponible en version studio sur son EP Chaltumay(Chile Music Fusion).