Chama, Véronique et Manon partagent un art martial qui a à voir avec une philosophie de vie basée sur le non-faire : l’aïkido.
Leur dojo Yuki Ho est situé près de la gare Matabiau à Toulouse dans un lieu auto-géré qui réunit plusieurs associations au sein du collectif 10 Dalmatie.
Les trois sont venues au micro du Magazine parler de leur pratique et de ses ramifications bourgeonnantes et passionnantes, dont l’écoféminisme à travers la figure de Françoise d’Eaubonne et l’anarchisme, à travers celle d’Itsuo Tsuda.
"Une idée, une pratique et un lieu concret. Avec comme ambition de reprendre le pouvoir sur son corps, de se redécouvrir capable et autonome, d’abord au sein d’un dojo, puis que cela s’étende à la vie quotidienne " . C’est ce qui sous-tend l’enseignement d’Itsuo Tsuda comme le raconte Manon Soavi dans le livre qu’elle lui a consacré, Le maître anarchiste, Itsuo Tsuda.
Pour Itsuo Tsuda, le dojo est un lieu d’expérimentation individuelle et collective, de pratique de l’autonomie. Il ne « crée pas des dojos japonais au sens strict du terme. Il insuffle à ces lieux une fonction d’autoémancipation. »
C’est dans cet état d’esprit que Régis Soavi, élève direct d’Itsuo Tsuda dont il a suivi l’enseignement durant dix ans, a créé le dojo Yuki Ho en 1983. C’est ainsi que les bâtiments du 10 de la rue Dalmatie – un hangar de mécanicien, un garage et une toulousaine – se transforment sous l’effet d’un chantier collectif en un dojo, un atelier de peinture Arno Stern et un lieu d’accueil alternatif pour les enfants.
Quarante ans plus tard, le 10-Dalmatie réunit ces mêmes espaces et activités auxquels un centre culturel s’est ajouté en 2018.
A l’occasion d’une journée portes ouvertes en septembre 2024, le collectif 10-Dalmatie a proposé une rencontre avec l’œuvre, la pensée et l’action féministes de Françoise d’Eaubonne au travers d’un film documentaire suivi d’un débat en présence de son fils Vincent et d’une mise en mouvement avec la vision écoféministe de l’aïkido par Manon Soavi.