occuper la nuit du 13 au 19 novembre 23

dimanche 12 novembre 2023 par bidonfumant |

TOUS LES JOURS UNE HEURE À UNE HEURE

Il est assez difficile aujourd’hui de refuser de qualifier certaines violences de « terroristes ». Le terme de « terrorisme » est en effet utilisé par les médias, les politiques, les experts, mais aussi des chercheurs, pour qualifier les actes violents, le plus souvent commis par des organisations non étatiques, qui suscitent l’horreur et l’indignation. Il vise à montrer que « nous » trouvons ces violences illégitimes.

Or, ce terme est tout sauf aisé à définir – ni le droit ni la science n’y parviennent – ce qui permet de l’utiliser comme une étiquette politique visant à délégitimer l’adversaire : c’est un opérateur politique de disqualification. Le terme d’« écoterrorisme » introduit par le ministre de l’Intérieur après les violences à Sainte-Soline allait dans ce sens.

Il n’existe en effet aucun consensus en droit international sur ce qu’est le « terrorisme ». Comme ils se sont arrogé le fameux monopole de la violence physique légitime, les États se sont octroyé le monopole de la définition de la notion. Or, les « terroristes » des uns sont souvent les « combattants de la liberté » des autres. Chaque État, qu’il soit russe, français, chinois, états-unien, turc ou égyptien, définit ainsi qui il qualifie de « terroristes » et quelles violences il déclare illégitimes.

Ce procédé fonctionne comme un phare aveuglant : il signale un danger, mais sans que l’on ne puisse vraiment voir ce qui se cache derrière et ce qu’il en est réellement… D’autant plus que le qualificatif de « terroriste » permet la construction en miroir d’une justice anti-terroriste, extraordinaire et spécialisée, et justifie le renforcement des services de renseignement.

En France, c’est l’autosaisine du Parquet national anti-terroriste (Pnat) qui va orienter – ou pas – vers la catégorisation de « terrorisme ». Mais le Pnat reçoit des mémos de la chancellerie : il est plus facile de qualifier une action de « terroriste » quand elle a été commise par une organisation déjà déclarée « terroriste » par le ministère ou par l’Union européenne. Car, suite aux attaques du 11 septembre 2001, le Conseil de l’Union européenne a été chargé d’établir une « liste européenne des organisations terroristes », actualisée tous les six mois.

L’Espagne – qui présidait alors l’UE – a demandé l’inscription de l’ETA, puis chaque pays a demandé à inscrire ses « terroristes », en marchandant politiquement ou économiquement, afin qu’un consensus se crée. Les logiques de listing ont ainsi renforcé les usages très politiques du terme.

Peut-on alors s’accorder sur une définition scientifique ? Dès 2005, Didier Bigo écrivait que « le terrorisme n’existe pas : ou plus exactement, ce n’est pas un concept utilisable par les sciences sociales » en expliquant que c’est « une arme dans le combat politique et symbolique entre les adversaires » (Cultures et conflits). Pourrait-on pourtant tenter de réserver ce terme à des types de violences indiscriminées visant des civils ? Il faudrait d’abord pour cela que, lorsqu’on parle d’une zone de guerre, les commentateurs cessent de qualifier les actions armées visant des militaires ou des policiers de « terroristes ».

Il faudrait ensuite pouvoir associer à ce terme les violences de certains États, ce que le système international (l’état stabilisé des relations entre États) réprouverait aussitôt. Il faudrait enfin que les scientifiques s’accordent sur une définition commune et globale… mais ils et elles sont tout aussi affecté(e) s que leurs sociétés respectives par l’horreur que suscitent les victimes civiles.

Dans ces conditions, et pour éviter toute instrumentalisation, il serait peut-être plus simple de ne plus l’utiliser (il est d’ailleurs souvent redondant), mais de revenir à une description plus précise des modes d’action violents dont on parle (action de guérilla, meurtre, massacre, voiture piégée, etc.), quitte à leur adjoindre un des nombreux qualificatifs qui permettent d’exprimer l’illégitimité de ces violences.
Tribune Olivier Grojean
Humanité dimanche 10 novembre 2023

LUNDI

women in electronic

MARDI

Panoptic

MERCREDI

Le Sixte LivreDit Électroacoustique De François Rabelais

JEUDI

Histoire(s) du cinéma JLG

VENDREDI

À quelques jours près, ça passait le20 novembre, titre emblématique d’une pièce de Lars Noren, .

SAMEDI

SONORIS

DIMANCHE

SAINTE NITOUCHE




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