Contre-Histoire du 22/6/20 maj le 6/07/20 et ce 8/7 : Guyane : la FAIM maintenant...

dimanche 28 juin 2020 par Chronik’Art ou Contre Histoire |

Document à rallonge au fur et à mesure de l’arrivée des infos : ce 28 juin, l’hôpital de campagne n’est toujours pas en service, et les volontaires métropolitains toujours pas en fonction....

les Guyanais ont subi 3 mois de paralysie économique pour rien, sans que le gouvernement prenne aucune mesure pour faire face à la Covid à venir...sans équipements indispensables ni indemnités de chômage, la Guyane doit faire face aujourd’hui à une explosion du virus qui double le nombre des malades en une semaine (2500 aujourd’hui)... Et en Guyane, il n’y a pas que la Covid, il y a aussi la dengue, et la leptospirose, parce qu’il n’y a souvent pas d’eau potable... A moins de pouvoir la payer, bien sûr, aux bornes à carte-bleue... Si ! si !
+ MAJ du 6 juillet :
"Karl Constable • Publié le 6 juillet 2020 à 11h49
Une crise peut en cacher une autre :
En Guyane, Médecins du monde à mis en place une clinique mobile sanitaire qui sillonne les squats et bidonvilles de l’île de Cayenne, et le constat que fait l’association est particulièrement préoccupant quant à la propagation de la Covid-19.
« Les gestes barrières ou mesures de confinement ne peuvent souvent être respectés dans ces lieux de vies précaires où les espaces sont étroits et l’accès à l’eau limité »
Le confinement et le couvre-feu, des facteurs aggravants :

Pour les humanitaires, un facteur aggravant vient se superposer à la maladie, c’est le durcissement du confinement dans plusieurs quartiers de l’île de Cayenne ainsi que l’arrêt de l’économie informelle. Des arrêts aux conséquences sociales catastrophiques "en particulier sur l’accès à l’alimentation, et donc sur l’état de santé voire la survie d’une partie de la population."

Médecins du Monde demande au gouvernement de poursuivre, les mesures de prolongation automatique des droits (droits sociaux, droits à la protection maladie et titres de séjour). Des dispositions qui n’ont pas été remisent en place en Guyane, ce qui accentuerait le phénomène de ruptures des soins dans le parcours de santé.

« L’état d’urgence sanitaire a été prolongé jusqu’au 30 octobre 2020 en Guyane, contrairement à la métropole ; les droits sociaux comme l’accès à l’assurance maladie n’ont pas été prolongés à nouveau ce qui va constituer un blocage majeur d’accès aux soins pour les personnes en situation de précarité »

Aude Trepont, coordinatrice de Médecins du Monde en Guyane.
En Guyane, où près d’un assuré sur deux relève des droits de santé des personnes en grande précarité (Aide Médicale d’Etat, Complémentaire Santé Solidaire), Médecins du Monde interpelle le gouvernement et lui demande de :

Prolonger les mesures d’accompagnement et de continuité des droits sociaux et titres de séjour, prises nationalement dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, jusqu’au 30 octobre 2020.
Mettre en place une réponse d’urgence à la hauteur des besoins pour l’accès aux droits fondamentaux des publics en grande précarité, notamment l’accès à une alimentation quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante.
Renforcer les capacités hospitalières à la hauteur des besoins et de la crise ; augmenter les effectifs en personnels médicaux et paramédicaux.
Redoubler d’efforts sur le suivi et le dépistage des personnes présentant des facteurs de risque face à la Covid-19."

et aux dernières nouvelles, le labo de Kourou vient de fermer, n’ayant plus de réactif à covid et autres joyeusetés, alors qu’en métropole, les labos ne savent plus quoi faire de ces moyens de détection qui se périment vite (en septembre pour la fournée actuelle)...
Et triple peine : pour se moquer bien ouvertement des Guyanais en détresse, on débarque à Roissy des avions en partance pour la Guyane, les chargements de réactifs qui devaient permettre les dépistages
à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent du Maroni..
vive la France !
Et on peut se reporter à l’article du journaliste guyanais Laurent Marot, dans "Le Monde" de ces dimanche/lundi 28/29 juin "Covid 19 : La Guyane dans une situation critique". Clair, net et précis :
" Covid 19 : La Guyane dans une situation critique : LoÏc Epelboin, infectiologue à l’unité de maladies infectieuses et tropicales du centre hospitalier de Cayenne, relate :
« On a cru qu’on n’y arriverait pas. En 48 heures, on est passé de 26 lits à plus de 70 lits dédiés aux patients Covid », explique­t­il. Pour faire face, d’autres services ont été mobilisés, et 6 patients ont été évacués vers les Antilles. Venu en Guyane en 2007 pour son internat, ce médecin métropolitain de 41 ans est resté sur le territoire, parce qu’il s’y « sentait plus utile qu’à Paris », où il a commencé ses études. « On a beau s’y être préparé, la situation est très tendue », résume l’infectiologue. Vendredi 26 juin, la Guyane cumulait 3 270 cas de Covid­19, soit un triplement en
deux semaines, sur un territoire de 283000 habitants. S’il y a eu 6 décès en 7 jours, le taux de
mortalité reste bas – 10 décès au total – par rapport au nombre de cas. « On a bénéficié des premières études et des expériences de nos collègues de métropole », explique Loïc Epelboin.
Dans une zone qui fait figure de désert médical (2 fois moins de généralistes que la moyenne nationale pour 100 000 habitants, trois fois et demie moins de spécialistes), les équipes se serrent les coudes. « De nombreux collègues d’autres services sont venus nous aider », témoigne M. Epelboin, qui évoque aussi les renforts de la réserve sanitaire, des médecins venus des Antilles et de l’Hexagone, ou attendus bientôt. Reste à tenir sur la durée, le pic épidémique étant prévu mi­juillet. « Les équipes sont épuisées », s’inquiète une salariée de l’hôpital. « Nous avons besoin de personnel pour armer les capacités de réanimation, c’est là notre difficulté », a indiqué mercredi Annick Girardin, la ministre des outre-mer, au terme d’un voyage de 2 jours sur place. « Le besoin en ressources humaines va au-delà d’une centaine de personnes », a­t­elle ajouté, lançant « un appel solennel aux soignants et aux hôpitaux de l’Hexagone », pour faire venir « de très nom­breux volontaires ».
« Plan Marshall » : L’Etat a misé notamment sur le renforcement des capacités de réanimation et de dépistage – passage de 200 à 800 tests par jour –, le soutien aux collectivités pour la distribution de masques et la prévention, et un contrôle renforcé aux frontières. Après un confinement du 16 mars au 11 mai, alors que le nombre de cas était peu élevé, la Guyane a été soumise à un couvre­-feu le soir, puis le week­-end. Mercredi 24 juin, la ministre Girardin a annoncé un durcissement des mesures : extension du couvre­feu à partir de 17 heures et de 13 heures le samedi au lundi 5 heures dans les communes les plus touchées, confinement de 21 quartiers à risque, port du masque obligatoire dans les espaces fermés, fermeture des bars et restaurants, interdiction de la consommation d’alcool sur la voie publique... Des décisions prises à la suite du redémarrage de l’épidémie, sous l’effet de relâchements festifs et de cas importés du Brésil – l’Etat voisin de l’Amapa est le plus touché du pays en nombre de cas par habitant. « Je n’écarte pas l’hypothèse du
reconfinement total en dernier recours, si l’impact des mesures de freinage ne se concrétise pas rapi­dement », a indiqué la ministre. Selon l’Insee, pendant le confinement, le choc économique subi en Guyane a représenté une baisse de la valeur ajoutée de 28 % par rapport à une situation normale. Soulignant la fragilité du tissu local, pour l’essentiel de très petites entreprises avec peu de trésorerie, les représentants des professionnels s’opposent au reconfinement. « Depuis lundi, des entrepreneurs viennent au centre de formalité des entreprises pour demander une fin d’activité » Annick Girardin a annoncé l’extension du couvre-feu dans les zones les plus touchées et le confinement des quartiers à risque, explique Carine Sinaï­Bossou, présidente de la chambre de commerce et d’industrie de la Guyane (CCIG). Les secteurs les plus touchés sont le transport, l’hôtelle­rie­-restauration, et le tourisme.
« Les chefs d’entreprise sont démoralisés, ils ne savent pas où on va », constate la présidente, gé­rante d’une société de transport de 73 salariés. « Avec la fermeture des établissements scolaires, j’ai perdu 80 % de mon chiffre d’affaires », déplore­t­elle. « Si on reconfine globalement, il n’y aura plus rien à sauver », lâche­-t­elle. « J’ai des appels tous les jours de chefs d’entreprise en difficulté », ajoute Thara Govindin, la présidente du Medef Guyane. On commençait à sortir la tête de l’eau après les mouvements sociaux de 2017, et là, c’est reparti. ».« Transporteurs, électriciens, plom­biers, frigoristes, métiers du bois...,beaucoup d’artisans sont prêts à faire valoir leurs droits en bloquant la Guyane, car ils ne gagnent plus rien, ou presque », prévient Roberto Osseux, le président de la chambre des métiers, qui revendique avec ses confrères la mise en place d’un « plan Marshall ».
La ministre a assuré les entreprises de la reconduite des aides et prêts garantis jusqu’à la fin de la période d’urgence sanitaire, le 30 octobre. Loin du débat sur les petites entreprises, le Centre spatial guyanais (15 % du PIB local) a repris son activité après la période de confinement. Un vol de la fusée Vega était prévu samedi 27 juin au soir. « Nous avons eu huit cas de Covid­19 parmi le personnel, mais ils ne travaillent pas sur la campagne de lancement et ont probablement été contaminés à l’extérieur de la base », indique Marie­Anne Clair, directrice du centre spatial.
« Accès aux médicaments » Les élus sont partagés sur la question du reconfinement. « L’Etat doit confiner, tout en accompagnant les entreprises par des mesures accessibles au plus grand nom­bre », plaide David Riché, maire de Roura et président de l’Association des maires. « Dans la gestion de cette épidémie, il y a 2 poids 2 mesures : la vie d’un Guyanais ne semble pas avoir la même importance que celle d’un Français de l’Hexagone », analyse l’élu.
Dans un territoire où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, le confinement entraîne la baisse des revenus issus d’activités informelles. « Personne ne peut rester à la maison si on n’a pas à manger », a expliqué mardi à la ministre des outre­mer Aude Trépont, coordinatrice générale de Médecins du monde en Guyane. « Les malades dans les quartiers les plus précaires ont des difficultés d’accès aux médicaments », prévient­elle, plaidant avec la Croix-Rouge pour le maintien de l’aide alimentaire de l’Etat et des collectivités pour les plus démunis. Hostile au confinement généralisé, le député guyanais Gabriel Serville (groupe Gauche démocrate et républicaine) estime qu’« on a perdu beaucoup de temps dans la gestion de la crise ». Dès le début, il réclamait la mise en place d’une instance de concertation des acteurs locaux et de l’Etat, instance mise en place mardi à Cayenne par la ministre des outre­mer. Le député indique ne pas avoir été entendu sur l’activation de la convention de coopération avec le Brésil pour une lutte commune contre le virus, même s’il y a eu des aides ponctuelles apportées par l’agence régionale de santé et la Guyane à la ville frontière d’Oiapoque : « La doctrine affichée par le préfet a été : chaque pays gère ses patients Covid. » 
Laurent Marot.
MAJ du 8 juillet : on m’avait dit que la faim en Guyane ferait plus de dégâts que le coronavirus.. J’avoue que je ne pouvais pas l’imaginer... Et voilà que nous y sommes... La faim en France, ça vous dit ?

"En ce moment, je mange une fois par jour. Et mes enfants, ils mangent, un peu", explique Rebecca, une habitante de Guyane privée de ses "petits boulots" depuis mars à cause du coronavirus et du confinement maintenu plus ou moins sévèrement depuis mi-juin. Rebecca, trente ans, maman de deux enfants en bas âge, Haïtienne en situation irrégulière, n’a plus aucun revenu car elle ne peut "plus travailler". La jeune femme partage avec d’autres familles une maison en parpaing à la Source de Baduel, bidonville de Cayenne reconfiné depuis dix jours.

Sous les ombrages, une équipe de bénévoles en lien avec la plateforme d’aide alimentaire régionale arpente à pied les ruelles de béton, entre des maisons de tôles ou de parpaings. Dans ce quartier construit à flanc de colline, on distribue en porte à porte des sacs poubelles de quelques kilos remplis de boîtes de conserve, chocolat en poudre, savon etc. aux familles repérées par les services sociaux.

C’est un quartier de 10.000 habitants, on est venu avec 60 colis. C’est insuffisant. Il y a des gens qui ne mangent pas pendant quatre cinq jours, le problème est devenu plus médical que social

François Lair, médecin

Le docteur évoque aussi des situations préoccupantes concernant "les nourrissons". Dans ce territoire qui compte 300.000 habitants officiels et de nombreux citoyens en situation irrégulière, les services de l’État recensent depuis la mi-mars "30.000" bénéficiaires "réguliers" de l’aide alimentaire, soit six fois plus qu’habituellement.

Besoin alimentaire "généralisé"
Le besoin alimentaire "est généralisé sur tout le territoire", explique la sous-préfète Claire Durrieu, qui parle d’une attention grandissante à porter "dans les quartiers informels du littoral".

Le durcissement du confinement dans plusieurs quartiers de l’île de Cayenne ainsi que l’arrêt de l’économie informelle ont des conséquences sociales catastrophiques en particulier sur l’accès à l’alimentation, et donc sur l’état de santé voire la survie d’une partie de la population

Médecins du Monde, dans une lettre ouverte adressée au gouvernement

Un "assuré social sur deux" relève de la "grande précarité" (aide médicale d’État, complémentaire santé solidaire) en Guyane, selon l’association pour qui "la survie d’une partie de la population" est en jeu. Dans cette collectivité française d’Amérique du sud, se nourrir peut coûter cher, avec des prix de produits de produits alimentaires supérieurs de 34% par rapport à l’Hexagone, selon l’INSEE. La fermeture des frontières avec le Suriname et le Brésil et la fermeture des petits marchés de poisson obligent certaines familles à faire leurs courses dans les supermarchés où les prix sont plus élevés. "Parfois des amis apportent à manger à ceux dans le besoin, mais ça ne peut pas durer vu la situation", commente Johnson Paul, venu prêter main-forte pour la distribution.

"Les acteurs de terrain sont épuisés"
La situation est "très cruelle", témoigne Jeanmiché Bellevue, qui repère les familles de son quartier dans le besoin. "Les gens sont confinés, ils n’ont pas d’assistance", avance-t-il, en évoquant une "difficulté" accrue de ses compatriotes, migrants haïtiens, souvent victimes d’ostracisme. "L’État va encore augmenter l’effort. On le maintient jusqu’à la fin de la crise sanitaire, en plus des 3,2 millions d’euros déjà mis à disposition", assure la préfecture de Guyane.

La vague épidémique arrive et "on a l’impression que tout ce qui a été fait ne suffit pas. Quand vous avez fini de courir le marathon, il faut faire un 400 mètres", souffle, la mine grave, Benoît Renollet, directeur territorial à la Croix-Rouge. "Les acteurs de terrain sont épuisés, des institutions ferment pour cause de cas de Covid-19 en interne, et la saison des congés a commencé", souligne-t-il. Neuf membres de l’unité d’urgence de la Croix-rouge sont attendus la semaine prochaine "pour renforcer les équipes, les centres communaux d’action sociale et les mairies" mais de l’avis général, "on manque aussi de bras" pour les distribution alimentaire.

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"Très mal, très mal masqués, Ohé ! Ohé !
On bosse, on bosse, on bosse,
mais mal masqués Ohé ! Ohé !
On ne peut pas s’arrêter Ohé ! Ohé !.... ;
....Depuis des années on a pleuré pour des thunes
sous Hollande, et tout’sa bande
On a réclamé, on a gueulé su’l’bitume
Et Macron comptait l’pognon..
Aujourd’hui c’est sur nous qu’il faut compter, compter...
Devinez devinez qui je suis
Derrière mon masque,
je bosse pour vot’santé Ohé !
Devinez devinez qui je suis
Aujourd’hui, je m’en suis sorti ( ???? texte écrit au mois de mars .....)
Très mal, très mal masqué Ohé ! Ohé !...
C’est l’occasion risquée de changer de cathéter ....
....j’suis pas bien armé pour aller faire la guerre :
masque en feutrine, pas d’chloroquine
aujourd’hui je soigne à qui mieux mieux
devinez devinez qui je suis !
Oui mais sans masque, je soigne à qui mieux mieux,
Aujourdh’ui, j’m’en suis sorti
Mais mal, mais mal masqué Ohé ! Ohé !
et on peut pas s’arrêter
de bosser bosser bosser
très mal masqués......etc...




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