Contre Histoire du 25 janvier 2020 : Au coeur de Golfech

mardi 28 janvier 2020 par Chronik’Art ou Contre Histoire |

le 8 octobre 2019, le réacteur n° 2 de la centrale nucléaire de Golfech est resté 8 heures sans refroidissement....

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article de l’association « Sortir du nucléaire » du 2/12/19 : Golfech :Incident de niveau 2/réacteur 2.Différentes étapes de ce qui ne s’est pas terminé en catastrophe, par hasard et, quoiqu’en prétende EDF, grâce à la présence d’esprit d’un agent de la centrale :
Dépressurisation du circuit primaire, chute du niveau d’eau...erreurs accumulées, prises de risques et gestion calamiteuse.
Le 8 octobre 2019, un incident se produit sur le réacteur 2 de Golfech, alors en cours de mise à l’arrêt. EDF publie un communiqué, 3 jours plus tard. Communiqué qui apparaît pour le moins minimaliste quand on connaît - 2 mois après - la vraie version des évènements.
Tout commence par l’oubli d’ouvrir un évent sur le pressuriseur. Un peu comme une soupape de cocotte minute sur ce gros vase d’expansion (14 mètres de haut) qui met l’eau du circuit primaire sous forte pression (155 bars) afin d’empêcher l’ébullition de l’eau, portée à plus de 310°C. Cette soupape permet de faire rentrer de l’air dans le pressuriseur,pour maintenir la pression, afin de compenser une baisse de liquide par exemple.
Pensant cet évent ouvert, les équipes lancent la vidange du circuit primaire. Le circuit primaire est un circuit fermé, contenant l’eau sous pression. Cette eau s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Le circuit primaire permet de refroidir le combustible contenu dans la cuve du réacteur, lorsqu’il est en cours de redémarrage après rechargement en combustible. Avec l’évent fermé, la conséquence est la dépressurisation du circuit. Sans pression, l’eau se met à bouillir et s’évapore. Des bulles d’air se créent et se baladent dans le circuit, ce qui peut provoquer des défaillances dans le système, notamment le circuit de refroidissement à l’arrêt.
À cause de cette dépressurisation et de cette vapeur, les mesures du niveau d’eau dans le pressuriseur n’indiquent plus le niveau d’eau réel dans le circuit primaire.
Rappelons ici que le circuit de refroidissement à l’arrêt et le circuit primaire servent à refroidir le combustible nucléaire qui était encore dans la cuve à ce moment là. Il y a bien 2 autres capteurs du niveau d’eau, à l’intérieur de la cuve. Mais l’un des 2 ne marchait pas, déconnecté par erreur un peu plus tôt. Autre erreur dont on se sait comment elle a pu advenir et passer inaperçue... qui fera l’objet d’une autre déclaration ESS d’évènement significatif pour la sûreté
8 heures se passent ainsi, en aveugle total, mais sans que personne ne se rende compte de la situation. Finalement, "un opérateur a observé que l’évolution du niveau d’eau du circuit primaire n’est pas normale". L’équipe chargée de la conduite du réacteur envoie un agent dans le bâtiment du réacteur, vérifier la position de l’évent. Constatant qu’il est fermé, et sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences, ni même de vérifier ce qu’imposaient dans un tel cas les règles générales d’exploitation, l’équipe ordonne l’ouverture de l’évent. L’arrivée d’air soudaine dans le circuit a provoqué des mouvements d’eau non maîtrisés entre la cuve et les générateurs de vapeur et a fait baisser le niveau d’eau dans tout le circuit.
Outre le cumul d’erreurs, l’Autorité de sûreté nucléaire(ASN) pointe la précipitation dans laquelle EDF a agit. Et surtout, son manque d’analyse quant aux impacts, avérés et potentiels, des actions (et inactions) engagées par ses agents. Quand le réacteur se trouvait dans une situation non-conforme (du fait d’avoir lancé la vidange du circuit primaire alors que l’évent du pressuriseur était fermé).
Selon l’analyse EDF, a posteriori, demandée par l’ASN - il serait resté assez d’eau dans le circuit primaire pour assurer le refroidissement du combustible nucléaire contenu dans la cuve du réacteur.
L’Autorité de sûreté a également demandé à EDF de vérifier l’état des composants du circuit primaire, les chocs de pressions et de températures ayant pu impacter les différents éléments du circuit (pompes, tuyauteries, cuve etc.). Des analyses complémentaires ont donc été faites, et après instruction des résultats communiqués par EDF, l’ASN a finalement autorisé le redémarrage du réacteur le 21 novembre. Lors de cet arrêt, en moins de 2 mois pas moins de 8 évènements significatifs pour la sûreté sont donc advenus.
Sans parler de la protection des travailleurs contre les rayonnements ionisants qui, d’après l’ASN laisse à désirer. Le réacteur 2 de Golfech a été redémarré officiellement le 28 novembre, après, selon EDF, des opérations "pour améliorer toujours plus la sûreté" mais sans aucune mention de l’incident du 8 octobre. Pour autant, des problèmes subsistaient semble-t-il encore dans l’installation puisque ce même réacteur 2 a été arrêté 4 jours après, le 2 décembre, pour une fuite en salle des machines sur une tuyauterie transportant de la vapeur, ce qui suppose un problème sur le circuit secondaire …., mais là encore, EDF ne permet pas d’en savoir plus..
Comment une étourderie peut mener à une situation si risquée ? Car, avec une cuve pleine de combustible qui n’est plus refroidi, c’est la fusion assurée et l’accident majeur. Erreurs en cascade, manque de rigueur, manque de connaissances, précipitation et actions sans réfléchir... quand on est aux commandes d’un réacteur nucléaire, de telles fautes ne sont pas tolérables. Pas étonnant qu’EDF ait à ce point détourné la version des faits dans son communiqué au public et en ait minimisé la gravité (EDF a initialement déclaré l’évènement au niveau 1 de l’échelle INES.)
2 mois après les faits, un peu de lumière est enfin livrée au public. Le Réseau "Sortir du nucléaire" et plusieurs associations locales avaient dès le 11 octobre manifesté leurs inquiétudes, contactés par des habitants proches de la centrale qui avaient eu vent de problèmes en cours mais n’ayant aucune autre information. Un communiqué de presse a dénoncé alors le silence assourdissant d’EDF et des autorités de contrôle quand l’incident était manifestement en cours.
Le 2 décembre 2019, EDF publiera discrètement une "note d’information" annoncant "ré-indicer" l’incident déclaré le 11 octobre au niveau 2 de l’échelle INES. Pas sur le fil d’actualités de la centrale nucléaire de Golfech comme d’habitude, mais sur une page internet du groupe EDF. Nouvelle déclaration qui n’apporte pas de nouveaux élements sur le déroulé des faits. La présentation est ainsi faite qu’il semble que les seuls responsables soient les personnes, et non l’industriel et son système d’exploitation, qui ne donne pas les moyens à ses équipes de pouvoir faire leur travail correctement. Il est en revanche intéressant de constater toutes les informations qui n’y sont pas : aucune mention des 8 heures durant lesquelles la situation n’a pas été détectée, aucune mention non plus du capteur de niveau de la cuve mis hors-service par erreur, encore moins des conséquences délétères d’avoir ouvert soudainement et entièrement l’évent du pressuriseur...
Pourquoi cet incident est classé au niveau 2 de l’échelle INES, c’est pour les graves manquements et l’incompétence d’EDF. Et les risques que l’exploitant fait courir à tous. Certes, il n’y a pas eu de conséquences directe sur l’environnement ni sur les travailleurs (sauf peut être pour l’agent qui a dû retourner en zone contrôlée pour vérifier la position de l’évent ? Et sauf peut être pour celui qui, parce qu’il a été interrompu, a oublié d’ouvrir l’évent du pressuriseur ?).
Mais, malgré ce qu’affirme EDF dans son second communiqué, il y a bien eu une atteinte directe de sûreté de l’installation. Uniquement du fait des fautes de l’EDF.
Défaut de surveillance de la conduite du réacteur, gestion calamiteuse de la situation, actions lancées dans la précipitation, sans analyse et sans prise en compte des enseignements tirés du passé, EDF a enchaîné erreurs sur erreurs et montre tout son (non) savoir-faire en tant qu’exploitant nucléaire. Ce que dit l’ASN : Note technique ASN sur évènement significatif de sûreté niveau 2(8.10)
https://www.asn.fr/Controler/Actualites-du-controle/Avis-d-incident-des-installations-nucleaires/Evenement-significatif-de-surete-de-niveau-2-a-la-centrale-de-Golfech
Ce que dit l’IRSN :

Consulter la note technique de l’IRSN du 5 décembre 2019 :
https://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20191205_NI-ESS-Niveau2-Golfech.aspx
.https://www.asn.fr/Lexique/R/Regles-generales-d-exploitation Erreur de calcul et détection tardive 13 décembre 2019 Ce que dit l’ASN sur l’accident du 8 octobre 2019 : https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-primaire

Le 15/03/2019
Anomalie générique
EDF a déclaré à l’ASN le 8 février 2019 un événement significatif pour la sûreté nucléaire relatif à un défaut de résistance au séisme des vannes du système de ventilation du bâtiment réacteur à l’arrêt et du système de surveillance atmosphérique de l’enceinte de confinement des réacteurs en fonctionnement des centrales nucléaires de Belleville-sur-Loire, Blayais, Cattenom, Chinon, Chooz, Civaux, Cruas-Meysse, Dampierre-en-Burly, Flamanville, Golfech, Gravelines, Nogent-sur-Seine, Paluel, Penly, Saint-Alban, Saint-Laurent-des-Eaux et Tricastin.
Les vannes du système de ventilation du bâtiment réacteur à l’arrêt et du système de surveillance atmosphérique de l’enceinte de confinement font partie de la troisième barrière de confinement. Leur résistance au séisme concourt à la démonstration de sûreté du réacteur en situation accidentelle. En particulier, en cas d’accident, ces vannes doivent être maintenues en position fermée afin d’assurer le confinement des substances radioactives à l’intérieur de l’enceinte de confinement.
A l’occasion d’une opération de maintenance réalisée à la centrale nucléaire de Chinon, EDF a détecté que le matériau utilisé pour des éléments de fixation des vannes du système de ventilation du bâtiment réacteur à l’arrêt n’était pas conforme au plan. Cette non-conformité, qui s’est avérée concerner 52 réacteurs, est susceptible de remettre en cause la fonctionnalité des vannes en cas de séisme, empêchant le bon isolement du bâtiment réacteur.
EDF prévoit le remplacement des fixations non-conformes dans un délai conforme aux préconisations du guide n° 21 de l’ASN.
Vu les conséquences potentielles, l’événement est classé au niveau 1 échelle INES pour les 28 réacteurs de 900 MWe concernés, les 20 réacteurs de 1300 MWe et les 4 réacteurs de 1450 MWe.
https://www.asn.fr/Controler/Actualites-du-controle/Avis-d-incident-des-installations-ucleaires/Defaut-de-resistance-au-seisme-de-vannes-de-systemes-de-ventilation-de-52-reacteurs-d-




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