Dans le potage / un frisson dans la nuit

vendredi 6 novembre 2020 par bidonfumant |

Une rediffusion de l’avant dernier confinement.

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Le texte dans son intégralité que l’on peut retrouver sur AOC ou

La sécurité est mon pire ennemi, elle endort mes réflexes et mes initiatives ;

En direct du confinement
J’essayais d’imaginer ce que ce temps libre sans être confiné aurait provoqué et ce dont j’en aurais fait ou on aurait pu en faire et pourquoi le confinement changerait cette projection d’un temps où l’on aurait pu faire ce dont on avait vraiment envie.
A condition de penser que quand on est libre on fait ce qu’on veut, ce qui est loin d’être sûr.
Et qu’une envie d’aujourd’hui n’a rien à voir avec l’envie de demain. J’aurais peut-être dû employer désir en place d’envie, mais bon, il faudrait que je me demande pourquoi justement j’ai employé envie.
Certainement un petit côté enfantin. Le confinement confine à l’enfance, ou réduit à l’enfance en fonction de notre degré d’optimisme.
Tout ça pour dire que le confinement n’est pas un état naturel. Mais ça nous le savait déjà.
Je n’ai pas de réponse précise à donner à cette interrogation, pourquoi ne pas faire ce que nous avons toujours désiré faire plutôt que laisser passer le temps.
On a beau essayer d’euphémisme ce « restez enfermé » avec un restez chez nous, ne sortez pas, confinez-vous, et même dans un accord plus ou moins clair avec cette nécessité d’un confinement surtout pour les autres et pour soi, l’enfermement est ce qui reste premier.
Il y avait donc dans l’entrée en confinement quelque chose d’excitant qui ouvrait des perspectives telles qu’on pouvait en rêver si déjouer le travail salarié était un rêve et un objectif.
J’en ai imaginé à j-1 des choses à faire ou à reprendre.
Et puis cette excitation des premiers jours a débouché sur un étirement du temps, ce trop-plein de temps devenait inutilisable ou plutôt peu utilisable.
Toutes les initiatives hors de la sphère des tâches ménagères devenaient impossibles à mettre en place comme si la moindre vaisselle non rangée empêchait de se poser sur autre chose.
Comme si, faire une brioche était si urgent ?
Une fois tous les rangements effectués, que serait le temps du confinement.
Et là, assez loin du début du confinement, je ne pourrais dire où est passé le temps ; de l’ennui sans doute mais pas tant, du rien ou du presque rien, certainement, bien sûr, j’ai lu mais pas plus que d’habitude, comme je ne vis pas seul, j’ai parlé et écouté, j’ai utilisé le téléphone que j’utilise peu mais pas plus, internet bien sûr et un peu plus mais rien qui explique où sont passées ces 700 heures.
Fallait-il un temps contraint par un emploi du temps pour pouvoir élaborer quelque chose de plaisant ou nécessaire. Quelque chose ressemblant à cette opiniâtreté que j’ai à me lever, me laver, m’habiller, manger, tous ces gestes qui nous agitent chaque jour. Pas obligatoirement quelque chose de créatif mais quelque chose à soi et pour soi.
Est-ce que la dimension de plaisir ne peut se concevoir que s’il existe un temps déplaisant, contraint ?
En tous les cas pour moi, est ce que l’absence de travail salarié qui m’opprime depuis si longtemps, empêche que je profite pleinement de mon temps libre.
En fait la seule chose efficace que j’ai pu faire et de ranger et en rangeant faire quelques découvertes.
La lecture de tout ce qui me semblait être à lire dès que j’aurais le temps, je ne m’y suis pas mis sans grande raison, mais certainement comme conséquence d’un phénomène pas prévu, l’envahissement du quotidien.
Tout ce qui se fait habituellement sans s’en rendre compte comme un rituel détaché de la vie quotidienne et ordinaire, mais tout de même à faire pour être présentable est devenu un ensemble d’actions sorties de l’habituel.
Ce quotidien devenait fastidieux et représentait ce qu’il y avait à faire et à obligatoirement faire.
Il d’agirait de savoir si les écrivains ont plus écrit que d’habitude, et si tous les créateurs se sont mis à faire plus que d’habitude ?
En tous cas pour moi, non, je n’arrive même pas à me motiver davantage pur terminer cette introduction à une émission possible.
Bien sûr, nous pourrions parler de dépression, mais je n’en ai pas les symptômes, ou pas tous ou comme toujours.
Peut-être quelque chose à voir chez Einstein et la relativité " Asseyez-vous une heure près d’une jolie fille, cela passe comme une minute ; Asseyez-vous une heure sur un poêle brûlant, cela passe comme une heure : c’est cela la relativité.

Citation début vingtième, je pourrais faire la faire la même genrée ou même dégenrée, mais je n’ai pas inventé la relativité.Un temps absolu qui est le temps, l’immuable, seconde après seconde, minute après minute, heure après heure… et ainsi de suite IN SECULA SECULORUM
…. Et un temps relatif qui est le temps qui passe toujours mais dont l’écoulement dépend de facteurs extérieurs, la chaleur, le froid, l’intérêt, l’ennui, la torpeur, ou l’immense plaisir.
Voilà, je regarde le mur d’en face sur mon balcon, j’écoute les oiseaux dans le silence relatif que provoque le confinement, et laisse aller l’envahissement des souvenirs, des images, ou simplement du temps qui passe.
Toujours est-il que confinement, ou pas, toujours en train de me dire ce que je pourrais faire la semaine prochaine et voilà que tirée d’AOC, une expérimentation, une Performance ou tout simplement une expérience est proposée.
Dimanche dernier une de mes vedettes préférées de la poésie et performance poétique contemporaine, jean Michel Espitallier.
Et puis un titre qui résumait bien ce que je pensais en regardant le mur d’en face.
Dans le potage

Jean miche Espitallier, j’ne ai déjà parlé plusieurs fois et notamment dans une émission sur les gilets jaunes qui s’appelle in girum imus nocte et consumi igni. Nous tournoyons dans la nuit et sommes consumés par le feu, je sais référence facile mais jamais situationnisme fut si pertinent. Il a écrit un texte au PUF Tourner en rond sur les ronds-points, bien sûr et une recherche désespérée et drôle sur ce qu’était devenu, Syd barret et son texte « en guerre que vous avez entendu dès son nom prononcé.
Je vous renvoie donc à lui
Et pour bien posé le personnage voilà une quatrième de couverture de son roman France romans

Un chiffonnier - le plus gros jambon sec du monde - Antoine - un âne découpé en morceaux - la balsamine des bois - une traction-avant 15 CV - Pierrot le Fou - un poids lourd en feu sur l’A 39 - violent orage avec inondation au centre du village - un château hanté - six millions de rats - une locomotive déraille dans le port - un bouilleur de cru ambulant - festival pyrotechnique - une actrice porno - l’inspecteur Bérurier - recrute conducteur PL - journée portes ouvertes au manoir - un centre de rétention administrative - la tempête Cynthia - le cadastre de 1835 - mon papa et ma maman - des barres d’exhibition - deux chargeuses sur chenilles - un marginal poignardé dans le dos - 12h05 pour la caravane, 13h55 pour les coureurs - Jean-Luc Mélenchon - le suicide reste mystérieux - un bûcheron écrasé par un arbre - rue des Cent-Huit-Ans - deux souterrains - un marsouin de 1,30 m - mort d’un cycliste de 49 ans - l’acier de la tour Eiffel - festival de boogie-woogie - le nageur d’Auschwitz - un ossuaire du XIIe siècle - le petit-fils d’un chef indien - une usine d’abattage de volailles - des faux billets pour la prostituée - le moteur électrique qui se recharge dans les descentes - des Russes s’offrent le château de l’Armée du Salut - huit cent une heures de soleil en été - la légende du druide Paragor - des caméras de vidéo protection - l’avion rate son décollage - soirée bal disco et aligot - transport de conteneurs par voie fluviale - un gourou écroué pour viol sur mineure - dix mille cactus à vendre - de la crème Mont-Blanc - A 5h20, Jean Hébrard aperçoit un lit de camp dressé contre la voiture - une vipère sort de leur canapé flambant neuf - deux cents trains par jour - des fumées forcément toxiques - Louis Bériaud, mort pour la France - les parents portent plainte - collectif contre l’enfouissement des déchets nucléaires - dispositif « voisins vigilants » - une promenade en carriole tourne mal - trois coups de chevrotine - la boulangerie a définitivement baissé le rideau - le méchoui des parachutistes - le ranch de Dick Rivers - 6,3 kg d’héroïne - le tube en acier pèsera 115 à 120 t - spécialités cuites au four à bois - le perroquet a retrouvé ses maîtres - il se retourne avec son camion volé. et des milliers d’autres petits romans. Avec, à la fin, un index utile et attrayant.

Espitallier , jean michel (ça me fait penser à quoi jean Michel, un cauchemar sans doute…) écrit donc une petit texte pour AOC la revue de sciences humaines numérique, attention ce ne sont les sciences humaines qui sont numériques mais la revue.
Donc je ne vous dis rien de ce texte. Qui s’appelle dans le potage et dont la phrase de Mallarmé en extrême début en l’est exergue et jamais exergue fut si explicite.




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