Le sale air de la peur, épisode 8 : Les années de plomb algériennes (1991-1999)
Les années de plomb algériennes
(1991-1999), manipulation du terrorisme par la junte
militaire algérienne, construction médiatique et policière
de l’islamophobie en France.
L’émission : Le Sale Air # 8
Ce mois-ci dans Le sale
air de la peur, on se penche sur
une période charnière de la fabrication de
l’islamophobie en France. Les années 90 ont
été ce moment où a pris corps l’amalgame
entre Islam et terrorisme, suscité par la
situation de l’Algérie toute proche, qu’on
voyait basculer dans la barbarie et le chaos,
du fait de la violence aveugle des groupes
islamistes radicaux. Une fureur
qui a semblé justifier toutes les outrances.
Elle a été le terreau sur lequel s’est
épanoui tout un discours médiatique et
politique ainsi qu’un arsenal législatif
servant à viser, culpabiliser et réprimer
les musulmans réels ou supposés. Ces
événements tragiques ont aussi servi de
prétexte pour justifier des guerres
impérialistes et quantité de restrictions
aux libertés publiques.
Et pourtant, cette histoire était falsifiée :
massacres, assassinats et attentats
terroristes n’étaient que les rouages d’une
effroyable machinerie de terreur et de mort.
Aux commandes, la junte militaire algérienne,
déterminée à garder le pouvoir quoi qu’il en
coûte. Son opiniâtreté meurtrière aura
saigné le peuple algérien avec près de 200
000 morts, un million de déplacés, des
milliers de disparus et des dizaines de milliers
d’exilés. Une décennie de terreur dont la
violence ahurissante a pris ses sources dans
130 ans de colonialisme caractérisés par
l’usage de la force brute et une tentation
génocidaire récurrente.
Tout cela n’aurait pas
été possible sans le soutien du pouvoir
français, sans le zèle des grands médias, sans l’appui de quelques faux-experts et
intellectuels médiatiques. Ils ont été les
derniers soutiens des « généraux
éradicateurs » parmi la communauté
internationale, contribuant à fabriquer le
chimérique fanatisme musulman dont avait
besoin le pouvoir algérien pour mater la
population qui lui demandait des comptes.
Ils les ont armés et les ont soutenu
économiquement dans la poursuite de leur
guerre contre le peuple.
Aujourd’hui, même si
cette période de tous les mensonges et de
toutes les compromissions continue à
déterminer profondément les discours et les
politiques, elle fait l’objet d’un
gigantesque trou de mémoire. Nous pensons
qu’il est plus que jamais temps de
participer au retour de cette histoire
refoulée.
Pour poursuivre sur ce
sujet :

crimes et mensonges d’États, La Découverte, 2004. (plein de références utiles dans la bibliographie)

https://www.youtube.com/watch?v=jIRuE_WRYa0