La Cucaracha

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La Cucaracha, c’est quatre français.e.s en vadrouille pendant quelques mois en Argentine, à l’écoute des luttes qui s’y mènent. On fait tou.te.s plus ou moins de la radio, à nos heures perdues ou à nos heures gagnées, et on a des liens avec Canal Sud à Toulouse et Radio Pikez à Brest. L’idée, l’envie, le projet, c’est d’écouter, d’apprendre et de comprendre un peu ce qu’il se passe ici, en Argentine, sur le front des luttes sociales et anti-capitalistes.

Pour brosser un tableau rapide, l’Argentine, c’est une population qui souffre du pillage par les pays riches de ses abondantes ressources depuis pas loin de 500 ans.
C’est une population qui a vécu sept ans de dictature civile et militaire entre 76 et 83, et qui a vu alors « disparaître » des dizaines de milliers de personnes, enlevées, séquestrées, torturées, supprimées et dont les familles cherchent encore des traces.
C’est une population qui s’est payée, dans les années 90, une douzaine d’années de pouvoir ultra-libéral (Menem, mode Chicago boy cool), de destruction des outils de production et des infrastructures (en 2018, les trains n’existent plus, par exemple) après les avoir distribué aux appétits voraces des « investisseurs » argentins et étrangers.
C’est une population qui, dans la foulée, en 2001, a connu une crise économique et financière sans précédent qui s’est soldée par la fuite en hélico du président du pays (De La Rua, mode intérimaire fuyard) sous la pression de la rue.
C’est une population qui sort de 12 ans d’un gouvernement de centre-gauche (Kirchner, mode PS) qui s’est fait un malin plaisir d’acheter les mouvements sociaux en réduisant les inégalités d’un côté pour mieux favoriser les multinationales et les « investisseurs » de l’autre.
C’est une population qui commence à se manger sa troisième année de retour en force de l’ultra-libéralisme (Macri, une espèce d’union malsaine entre Macron et Fillon).
Enfin, c’est une population de descendants d’immigrés européens qui se pense comme une extension de l’Europe et qui oublie un peu vite que l’extrême majorité des gens a au moins un ancêtre « originaire » (du qualificatif que se donnent les peuples pré-colombiens qui défendent encore leur identité).
Au milieu de tout ça, il y a des gens qui luttent contre les multinationales (Total, EDF, Chevron, Benetton etc. etc. etc.), contre le pillage des ressources (l’export de matières premières vers les US, l’Europe et la Chine est le moteur de l’économie), contre l’empoisonnement des sols, de l’air et de l’eau (Monsanto et ses camarades prennent l’Argentine pour un labo géant), pour la défense des territoires des peuples originaires (sur fond de racisme ambiant et d’assassinats réguliers de Mapuche par les forces répressives), pour une agriculture paysanne (le soja transgénique se porte à merveille), contre la violence de genre et les féminicides (ici, une femme meurt toutes les 30 heures sous les coups d’un homme), contre la propagande et la désinformation des médias dits hégémoniques (plus de 90 % des médias du pays appartiennent à des groupes financiers), contre la destruction des acquis sociaux (en cours, une loi travail et une réforme des retraites qui vont saigner toutes les classes populaires et une partie des classes moyennes), etc.…

Et c’est évidemment tous ces gens qu’on rencontre ou qu’on cherche à rencontrer, à écouter, à enregistrer. Tout ça fera l’objet d’émissions qu’on enverra en France de façon complètement irrégulière.