"je ne me dis pas tout" bernard Fontaine

publié le 1er janvier 2008, par bidonfumant |

Un jour de mai 1981, j’ai précipité, par un geste aussi anodin que contre-nature, la perte du monde. Bien grand mot pour un évènement qui n’en fut pas un ou plutôt ,n’était que la première étape de ce qui fait l’aujourd’hui. Un espace où la subvention a pris la place de la subversion ou en est la sœur. N’importe quel ministre de la culture sourit en traitant une œuvre de subversive et rend la définition de Francis Ponge : "un artiste n’explique pas le monde, il le change", caduque ;ce qui renforce la pertinence de l’article sur la mort de l’artiste. Bref, l’année 2008 s’annonce mal.

Mais ce n’est pas mon propos, ici, je ne suis ni artiste, ni déprimé, ni politiquement incorrect, je revendique cette idiotie qui est caractérisée par l’état amoureux (voir vivement dimanche de Truffaut). Donc, je me suis rendu compte qu’on ne me disait pas tout et que même "je ne me disais pas tout" (ylipe). Bref, cette triste histoire de 81 qui me colle à la peau comme ma très grande faute m’incitait à retrouver l’agent de cette déconfiture. La parole donc. Pas celle qui se partage entre copains ou semblables (au sens géométrique du terme, une histoire d’angles et rien d’autre), sur un comptoir ou dans un lit... Non pas la parole jubilatoire du calambour, du presque rien, celle dont on sait toujours d’où elle vient et qui n’a comme fonction que de se donner libre cours sans être aliénée à quelque forme que ce soit de discours du maître ou du donneur de leçon.

Durant la période précédent cette gestuelle délétère (qui fait qu’aujourd’hui ,je me méfie des boites aux lettres, qui sait ce qu’on pourrait faire de mes enveloppes), j’enregistrais à tout va des flots de parole sur un Akaï 4000DS, des kilomètres de bandes du révérent Jones à Guyana chantant "this man never left to me" à Jankelevitch en passant par Michel Debré chevrotant la marseillaise ("et honte à ceux qui restent assis pendant la marseillaise"). J’ai passé le printemps dernier à écouter tout ça. Je n’ai ressenti qu’un sentiment dont j’ai horreur, la nostalgie d’un monde perdu et comme chacun sait : "la nostalgie, c’est comme l’opium, ça intoxique" (Caussimon). Pour que jamais je ne m’accoutume, j’ai donc rendu ces bandes définitivement muettes et elles traverseront cette installation. Une façon de dire après Julio Iglesias, non , je n’ai pas changé et ne comptez pas sur moi pour le faire.

Une approximation de Sarkhozy choisie avec soin m’a confirmé que c’était un choix raisonnable puisqu’en 81, j’avais déjà voté pour lui : "Quand on commence à expliquer l’inexplicable c’est qu’on s’apprête à excuser l’inexcusable". Comme le disait un commentateur de France Culture, il y a enfin une certitude, Nicolas Sarkhozy n’est pas Max Weber. Rassuré, non ? Donc , vous l’aurez compris, il n’était pas ici question d’expliquer l’inexplicable de cette installation, mais d’illustrer l’idée. Pour le reste, sachez que ce qui m’a le plus coûté , c’est le maniement de la serpillère après mon délire peinturlurant. « Ne peut s’interroger sur le sens de l’univers que celui qui est capable de s’étonner devant la marche des événements. »Max Weber





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