Jean Luc Zwenger expose à canal sud en fevrier

publié le 9 février 2015, par fabien |

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Toulouse le 1 février 2015
Je ne suis pas Charlie
Je suis tous ceux qui furent
assassinés par la religion
et
Je suis tous ceux qui furent
assassinés par le patriotisme
CAMOUFLAGE – AUTO CAMOUFLAGE DE LA CONSCIENCE
CAMOUFLAGE
18,6 millions de morts, tel est le nombre de victimes civiles et militaires de la première guerre mondiale à travers tout les pays en guerre, une boucherie humaine au nom de « la Patrie » !
La « fleur » aux fusils qu’ils partirent nos poilus pour « l’abattoir ». Mes deux grands pères étaient dans les tranchés opposés…
Et cette chair à canon, côté français, était estampillée par des uniformes hérités du second empire, en forme de cible pour que la mitraille allemande fauche plus facilement des dizaines de milliers de soldats dans les premiers mois de cette guerre sans nom ! Le rouge était de mode en ces temps là, et faisait forte impression dans la verdure des champs et des bois…
Dans les tranchées, quelques artistes peintre, qui ne voulaient pas terminer comme simple tableau au style « pointilliste » avec leur corps, eurent l’idée géniale de s’inspirer de la défense du camouflage animal, pour devenir invisible aux munitions de l’adversaire… On a la conscience que l’on mérite de son époque ! Différentes espèces d’animaux ont cette faculté de se fondre dans leur environnement proche, les plus connu d’entre eux, le caméléon, l’hippocampe, voir certains félins. Leur point commun, l’immobilisme devant un second plan qui leur ressemble. De plus, au début de la Grande guerre, la mode du cubisme bat son plein, avec cette vision éclaté des personnes et des objets, un certain Picasso est passé par là…
Sur le front, un artiste, Lucien -Victor Guirand de Scevola, peintre, dessinateur et illustrateur français eut l’idée de cacher le matériel et sa position avec ses camarades, au regard de l’ennemi allemand, en peignant de grande toiles aux couleurs du paysage. Il s’en servi pour recouvrir l’ensemble des installations militaires. Le camouflage militaire industriel était né ! Vite reconnu comme élément indispensable de la défense militaire par l’état major et le gouvernement de Raymond Poincaré, Lucien -Victor Guirand de Scevola fut vite nommé à la tête d’une « petite armée d’artistes » :
« En 1916, le développement et l’utilisation des techniques de camouflage sont tels que beaucoup d’artistes sont rappelés du front, ainsi que des menuisiers, charpentiers, tôliers, monteurs, ajusteurs, mécaniciens, plâtriers. Des territoriaux sont requis pour le transport du matériel, et les sapeurs sont chargés de la préparation des terrains destinés à recevoir des installations camouflées.
Une minute du Ministère de la Guerre, datée du 7 février 1917, indique les effectifs de la section de camouflage : 30 officiers et 7 hommes constituent l’état-major de la section ; sur les 30 officiers, deux sont détachés à l’atelier central où ils dirigent 304 hommes, et d’autres sont envoyés deux par deux dans chaque atelier de groupe d’armées avec 69 hommes.
En ce qui concerne les artistes, le recrutement est très varié. On fait appel à des spécialistes de la décoration de théâtre habiles dans l’art du trompe l’oeil, tels Bouchet, Lavignac, Mouveau et Renain (décorateurs à l’Opéra), à des sculpteurs comme Bouchard, Despiau, Landowski, Raymond Martin, Louis de Monard, et à des peintres et illustrateurs de toutes tendances, professionnels ou amateurs : Camoin, Dufresne, Villon, La Fresnaye, Marcoussis y côtoient Devambez, Hoffbauer, Malespina, Joseph Pinchon (le créateur de Bécassine), Aubry, etc. Parmi les camoufleurs, on trouve aussi le comédien Victor Boucher, le mime Séverin, l’écrivain Charles Vildrac… La cohabitation de tous ces artistes de tendances opposées se révèle parfois difficile, et les idées esthétiques s’affrontent. Les peintres traditionnels sont cependant conduits à appliquer des recettes plus modernes expérimentées par les artistes cubistes ou proches du cubisme, aptes à déformer la réalité, car les réalisations du camouflage répondent à des principes visuels plus proches de ceux des artistes modernes que des classiques.
Les artistes camoufleurs se sont passionnés pour les travaux qui leurs ont été confiés ; ils ont cherché sans cesse à perfectionner les techniques de dissimulation. Les carnets de notes de Jean-Louis Forain, de Louis de Monard, d’André Mare, d’Henri Bouchard, les lettres écrites à Bouchard par William Laparra, les mémoires de Berthold-Mahn sont riches de réflexions passionnantes à ce sujet.
En guise de signe distinctif, les camoufleurs ont ajouté au brassard d’état-major blanc et rouge qu’ils portent, un caméléon brodé, dessiné par Guirand de Scévola. La section française de camouflage, déclarée section combattante, connaît la vie de toutes les unités en campagne, en cantonnement et dans les ateliers, ou sur le front. Les camoufleurs deviennent vite populaires dans l’armée, non seulement en raison des services rendus, mais aussi pour leur fantaisie, leur entrain, et leur gaieté constante malgré la cruauté de la guerre. Ils ont leurs chansons, et une « marraine de guerre » en la personne de l’actrice Marie-Thérèse Piérat, épouse de Guirand de Scévola.
En 1918, l’effectif atteint 3 000 officiers et hommes de troupe, répartis sur l’ensemble du front. Très rapidement, la section de camouflage fait appel à la main d’œuvre civile (dont plus de 10 000 femmes) pour son atelier central à Paris et pour les ateliers de la zone des armées. Un grand nombre de travailleurs annamites est employé pour badigeonner de couleurs les toiles servant au camouflage. On utilise aussi comme manœuvres, dans les ateliers de la zone des armées, un certain nombre de prisonniers de guerre allemands : ainsi, 50 sont employés à Amiens, et 200 à Chantilly en 1917 ».
extrait du livre de COUTIN Cécile, Tromper l’ennemi. L’invention du camouflage moderne en 1914-1918, Paris, éditions Pierre de Taillac /
Dans les années qui suivirent, tous les pays belligérants adoptèrent ces techniques de camouflage, que se soit sur terre, sur mer et dans les airs. Le but était le même, casser les formes des engins militaires aux yeux de l’adversaire. Et pendant qu’on y était, on a redéfini la conception des uniformes militaires, pour qu’ils s’intègrent aussi à l’environnement des champs de bataille…
Le camouflage, une peinture cubiste ?
Gertrude Stein rapporte que, devant le premier canon camouflé qu’il vit, Picasso s’écria : « C’est nous qui avons fait cela. » Comment Picasso a-t-il pu attribuer la paternité d’une peinture utilitaire au cubisme ? Par quelle opération mystérieuse le cubisme se retrouva-t-il sur du matériel militaire ?
Guirand de Scevola donna lui-même les premiers éléments d’explication : « J’avais, pour déformer totalement l’objet, employé les moyens que les cubistes utilisent pour le représenter, ce qui me permit par la suite d’engager dans ma section quelques peintres aptes à dénaturer n’importe quelle forme. » Les cubistes et le camouflage poursuivaient un but similaire : intégrer la figure au fond, l’objet à son environnement.
Extrait - See more at : http://www.histoire-image.org/…/etud…/etude_comp_detail.php…
Comme on le voit, si l’invention du camouflage “industriel” date de cette période de la Grande guerre, elle est le reflet d’une époque et de sa culture, comme le cubisme. Ceci dit elle pioche largement dans la conscience prospective animal, où pour éviter les prédateurs, camouflage et enterrement, sont des armes non agressives, mais aussi militaires. Mais sur le fond rien de changé depuis la préhistoire, deux plans, le premier, l’objet ou l’homme immobile, qui se « camoufle » et disparaît devant un second plan (la nature) où il a épousé les formes, les textures, les couleurs. Et pour ce qui est de la guerre, « l’armée » représente toujours « l’école du crime » !
L’artiste chinois Liu Bolin, reconnu internationalement comme « l’homme invisible » n’emploi ni plus ni moins que ces techniques « basiques » héritées de la Grande boucherie… Mais là, la guerre s’est déplacée dans l’affrontement entre l’homme et un système, entre l’homme et une société déshumanisée, et les artistes, comme les autres citoyens se retrouvent au milieu du champ de bataille.
AUTO CAMOUFLAGE
Pourtant, héritiers aussi de l’art du camouflage, ou plus tôt dans l’art des illusions d’optique, certain artistes essayent de relativiser la perception consciente de notre environnement, tel l’artiste Marcius Galan, brésilien, qui nous fait imaginer des parois en verre comme obstacles infranchissables, là où ils n’existent pas…
Ce que j’ai nommé par AUTO CAMOUFLAGE, correspond à une de mes techniques, déclinaison de mon travail sur la conscience. Là, point de propos militaristes, pas de premier et de second plan, juste un plan où je détricote patiemment les réalités subjectives de notre conscience, pour nous amener à une autre perception consciente de notre univers. Mais la lutte est acharnée avec notre mémoire, qui veut toujours nous renvoyer à des choses connues, déjà explorées, déjà expérimentées ! Ce que je présente pour cette exposition 2015 à la radio canalsud ne sont que d’humbles maquettes de mon prochain travail sur les PGAC…
Jean-Luc Zwenger
Plasticien de la conscience
Contact artiste 06 65 44 27 41 Atelier du GRAIN Toulouse
Affilié à la Maison des Artiste sous le N° d’ordre : Z066583



Commentaires

  • Le 1er septembre 2019 à 14h53 par Jacques LAPIERRE

    Depuis cette époque "charnière" à la fois destructrice et créatrice, les principes du camouflage ont pris une forme institutionnelle dans toutes les armées du monde. Exemple d’un terme mnémotechnique utilisé, par la suite, dans l’armée française pour rappeler au fantassin lambda les règles élémentaires du camouflage (voir sans être vu) : "F.O.M.E.C.", "F" comme Forme, "O" comme Ombre, "M" comme Mouvement, "E" comme Éclairage et "C" comme Couleur.
    Jacques LAPIERRE
    inscrit à La Maison des Artistes



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